Voici un article dont j'ai entendu parler au Mondial :La pollution colle aux deux rouesSi le lien est cassé (spécialité du Monde ) :Enquête
La pollution colle aux deux-rouesLE MONDE | 01.10.07 | 13h03 • Mis à jour le 01.10.07 | 16h24
Les constructeurs de deux roues ne construisent pas de modèles écologiques - ici, un stand au Mondial du deux-roues qui se tient à Paris du 29 septembre au 7 octobre 2007.
AFP/PIERRE VERDY
asard du calendrier, tandis que le Mondial du deux-roues se tient à Paris du 29 septembre au 7 octobre, le Grenelle de l'environnement entre dans sa phase de consultation avec le public. Or les visiteurs du Salon à la recherche d'un véhicule motorisé et écologiquement compatible risquent d'être fort marris.
En effet, si les grands constructeurs exposent nombre de prototypes dotés de motorisations qui tiennent compte de fortes contraintes environnementales, aucun n'est commercialisé.
"Aujourd'hui, les deux-roues motorisés sont polluants, bruyants et dangereux. Ils ne sont pas adaptés à un environnement urbain", déclare Denis Baupin (Verts), adjoint au maire de Paris chargé des transports.
Pourtant, certains constructeurs se sont très tôt intéressés à la commercialisation de deux-roues non polluants.
"Dès 1996, nous avons lancé un scooter électrique, le Géopolis", rappelle Frédéric Bart, responsable de la communication de Peugeot Cycles. Vendu 3 000 euros, doté d'une autonomie de 40 km, et sans réelle capacité de rangement,
"Géopolis n'était pas adapté à notre coeur de cible", reconnaît M. Bart.
"Aujourd'hui, Peugeot se concentre sur des gammes de produits qui correspondent à la demande des clients", conclut-il. En conséquence, le constructeur français ne propose pas de motorisation électrique, hybride ou à hydrogène. En revanche, il poursuit la commercialisation et la production de deux-roues équipés de moteurs deux temps, jugés particulièrement polluants par les experts de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe).
Pour sa part le japonais Yamaha présent depuis 2005 dans les Salons des deux-roues électriques et hybrides.
"Mais il ne s'agit que de prototypes, explique-t-on chez le constructeur.
Les nécessaires phases de test n'ont pas commencé. Quant à leur commercialisation future, nous sommes dans le domaine du peut-être."Le nippon Honda a aussi développé plusieurs prototypes qui ne seront pas commercialisés. Quant à l'italien Piaggio, il promet la présentation d'un MP3 (scooter à trois roues) hybride lors du Salon de Milan, en novembre.
En attendant les futurs développements, les deux-roues motorisés restent de gros pollueurs, comme l'a démontré un rapport de l'Ademe publié en mai. L'agence a réalisé une étude comparative des émissions de polluants de 14 motos et scooters de différentes cylindrées et 3 voitures (soumises à la norme actuelle Euro4). Pour étalonner leurs recherches, les ingénieurs ont enregistré les émissions d'une moto, d'un scooter et d'une automobile lors d'un même parcours banlieue-Paris à 8 h 30, heure de pointe.
Le premier enseignement est sans surprise : scooters et motos sont les plus rapides. Il leur a suffi de quarante-quatre minutes pour effectuer le trajet fixé, contre le double pour les voitures. En revanche, en ce qui concerne l'impact environnemental, ils cumulent un sévère retard.
Selon l'Ademe, les émissions de monoxyde de carbone (CO) et d'hydrocarbures imbrûlés (HC) des 125 centimètres cubes (cc) sont dix fois supérieures à la moyenne effectuée par les voitures à essence soumises à la norme Euro4. Pour les cylindrées supérieures, les émissions de Co sont deux à trois fois plus élevées que pour les automobiles.
"En matière de dépollution il y a dix ans d'écart entre la réglementation en vigueur pour les deux-roues et les automobiles, souligne Bertrand-Olivier Ducreux, ingénieur du département transport et mobilité de l'Ademe.
Les contraintes de la norme Euro3 moto correspondent à celles auxquelles les automobiles devaient se soumettre entre 1992 et 1996."L'écart entre les motos de grosses cylindrées et les 125 cc s'explique également par une réglementation moins exigeante pour les 125 cc. Il n'y a donc pas de corrélation automatique entre la quantité de carburant consommé et les polluants rejetés.
"Les émissions polluantes sont des résidus de combustion, des éléments mal brûlés. Il faut différencier la consommation de la qualité de la combustion", poursuit M. Ducreux.
Aujourd'hui, les utilisateurs de deux-roues motorisés qui souhaitent rouler propre sont démunis. Pourtant, aucun des constructeurs n'évoque une incapacité technologique à produire ce type de véhicule. La faille est économique :
"Il n'y a pas de demande suffisante", explique un responsable chez Honda France pour justifier la frilosité des grands constructeurs vis-à-vis des motorisations alternatives.
"Il faudra créer cette demande. Cela prendra du temps", conclut-il.
Un durcissement de la réglementation en matière de dépollution des deux-roues motorisés accélérera l'avènement d'une nouvelle génération de véhicules.
"Dans les années 1990, les autorités se sont logiquement attaquées en priorité à la plus grande source de pollution : l'automobile. Il est temps maintenant de s'occuper des deux-roues", estime-t-on à l'Ademe.
En France, le renouvellement du parc des deux-roues prend environ sept ans. D'éventuelles mesures prises à l'issue du Grenelle de l'environnement en matière de réglementation ne rendront pleinement leurs effets qu'en 2015.
Eric Nunès